Sélectionner une page

Photo : Sarah Carlier

Bruxelles est la ville qui m’a vue naître, nourrie par la diversité culturelle et l’énergie vibrante de ses rues. C’est là que tout à commencé pour moi. Avec des parents passionnés de voyage, j’ai eu la chance d’explorer le monde dès mon plus jeune âge. Et cette richesse m’a non seulement ouverte à la complexité du monde, mais elle a aussi nourri mon goût pour l’hybridation et les croisements inattendus.

Après des études en sciences sociales, j’ai plongé dans l’univers de la musique en tant que manager d’artistes, un domaine où je pouvais allier mes deux amours : la musique et le dessin. Ma mère, qui m’a transmis sa passion pour l’art sous toutes ses formes, a été la première à attiser ma curiosité pour le dessin. Ce qui était d’abord un exutoire intime est devenu une nécessité artistique, un moyen d’exprimer ma créativité à travers des œuvres que je souhaite uniques et surprenantes.

(RE)LOAD 3345, est un projet né de mon envie de fusionner l’art et l’upcycling. Je redonne vie à des objets de seconde main — vinyles, vêtements, meubles, instruments de musique — en les transformant en œuvres d’art singulières. Mon art n’est pas seulement une quête esthétique, c’est une invitation à repenser nos modes de consommation, à donner une seconde vie aux objets qui semblent voués à disparaître. En exposant mes œuvres et en créant sur commande, je m’efforce de provoquer une prise de conscience, tout en embellissant le quotidien des autres. 

Mon aventure avec les vinyles a commencé par hasard : en manque de papier, j’ai attrapé une pile de vieux 45 tours abîmés pour y dessiner, transformant ces objets délaissés en une nouvelle forme d’expression artistique.

Ma démarche s’inspire de nombreux artistes qui ont marqué leur époque par leur audace et leur originalité. Jean-Michel Basquiat, m’a toujours fascinée par sa capacité à mélanger art brut, primitivisme et culture urbaine dans des œuvres chargées de sens. Son style spontané, instinctif, et sa manière d’aborder des thèmes sociaux et politiques résonnent profondément avec ma propre approche du dessin : un art qui ne cherche pas la perfection, mais qui exprime l’énergie brute et les émotions.

L’art subversif, empreint d’ironie et de critique sociale de Banksy me rappelle que l’art peut être à la fois beau et engagé, comme un moyen de défier les normes et d’ouvrir des dialogues. J’aime créer des œuvres aux formes simples dans lesquelles chacun décrypterait du sens, son sens. D’autres artistes comme Hassan Hajjaj et Mous Lamrabat, qui mélangent traditions et modernité, cultures et couleurs ou encore Faith47 et Miss.Tic dans leur approche consciente, engagée, féministe et poétique du travail d’artiste, me poussent sans arrêt à penser mes créations comme une conversation avec le monde, une manière de toucher les gens là où ils ne s’y attendent peut-être pas. 

L’authenticité de mon art réside dans une approche instinctive : je ne planifie jamais mes créations. Chaque couleur, chaque forme, naît de l’instant présent, au gré des émotions, sans croquis ni schéma préconçu. Mon univers oscille entre la monochromie subtile et l’explosion de couleurs, nourri par une passion pour les mélanges chromatiques et les motifs tels que ceux que l’on peut retrouver sur les wax hollandais ou les tissus javanais par exemple. Ces influences textiles m’ont aussi permis d’explorer les réalités historiques et politiques de leur expansion, marquées par le colonialisme et les enjeux raciaux.

Musique et dessin se rejoignent dans mes créations : blues, soul, reggae, hip-hop m’accompagnent en toile sonore, guidant mes motifs et ma gestuelle.

Chaque pièce que je crée est une invitation à explorer un nouvel univers, à rêver et à voir le monde autrement. 

Texte : Joëlle Sambi